Le "Théâtre des Illusions" |
Article La Montagne du 16/12/2020
Maud Turcan, Richard Brunel, Martial Delecluse |
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Tom Wouda vient d’inaugurer son "Théâtre des illusions", à Pont-du-Château (Puy-de-Dôme). Dans ce bâtiment d’une quarantaine de places, le jeune homme s’entraîne pour les prochains championnats de France de magie. Cultivant son talent par un entraînement acharné, il rêve de transformer sa passion d’enfance en métier. L’inauguration du "Théâtre des illusions" a eu lieu fin septembre, quelques jours avant le reconfinement.
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C’est au fond d’un joli jardin bien entretenu, dans une petite rue calme de Pont-du-Château (Puy-de-Dôme), que Tom Wouda a posé une nouvelle pierre pour construire son rêve : devenir magicien professionnel.
Une passion dévorante née en regardant l’émission de télévision Le plus grand cabaret du monde. A l’époque, Tom a huit ans et s’émerveille de la fluidité avec laquelle des artistes coréens manipulent les cartes entre leurs mains. Lui qui a déjà l’habitude de faire danser ses doigts sur les touches d’un piano se verrait bien mettre sa dextérité au service de l’illusion. "Je ne me rendais pas compte du travail", sourit-il une dizaine d’années plus tard à l’évocation de ce souvenir. Au fil du temps, la magie prend de plus en plus de place dans sa vie. Si bien que sa chambre d'enfant ne suffit plus. Quand sa grand-mère lui propose le garage situé au bout de son jardin, Tom n’hésite pas un instant.
Une passion dévorante née en regardant l’émission de télévision Le plus grand cabaret du monde. A l’époque, Tom a huit ans et s’émerveille de la fluidité avec laquelle des artistes coréens manipulent les cartes entre leurs mains. Lui qui a déjà l’habitude de faire danser ses doigts sur les touches d’un piano se verrait bien mettre sa dextérité au service de l’illusion. "Je ne me rendais pas compte du travail", sourit-il une dizaine d’années plus tard à l’évocation de ce souvenir. Au fil du temps, la magie prend de plus en plus de place dans sa vie. Si bien que sa chambre d'enfant ne suffit plus. Quand sa grand-mère lui propose le garage situé au bout de son jardin, Tom n’hésite pas un instant.
J’étais arrivé à un stade où il me fallait un endroit pour m’entraîner dans de bonnes conditions, créer de nouveaux numéros et entreposer mon matériel " C’est donc à une quinzaine de kilomètres de la maison familiale de Lezoux qu’il va travailler sa technique.
Pendant des heures, il répète inlassablement ses numéros entre quatre murs de parpaings bruts dont l’un est recouvert d’une bâche noire symbolisant un fond de scène. |
Au sol, un tapis et des cartons délimitent l’espace de représentation. Le toit de tôle l’abrite de la pluie mais n’arrête pas le froid qui tétanise ses mains en hiver. Impossible de continuer dans ces conditions.
Un appel au financement participatifL’idée germe alors de rénover ce simple garage pour en faire un théâtre de poche. "Se confronter au public fait partie des objectifs pour se professionnaliser, se faire connaître et progresser. On s’améliore grâce aux retours du public, qu’ils soient positifs ou négatifs", note-t-il. Conscient qu'il lui faudra plus qu’un coup de baguette magique pour réaliser son projet, il chiffre les travaux à 4.000€. Avec l’enthousiasme communicatif qui lui permet d’entraîner le public dans ses tours de magie, le lycéen de terminale mène alors de front ses révisions pour le bac et une collecte de fonds via une plateforme de financement participatif.
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Huit semaines plus tard, la somme est réunie. Les travaux commencent en mai 2019. Isolation du toit, changement de la porte de garage, habillage des murs, enduit, peinture, création d’une scène, installation d’une structure en aluminium pour fixer les éclairages, ajout d’une quarantaine de sièges… En une année, le bâtiment est transformé du sol au plafond. L’occasion pour Tom d’approfondir ses connaissances en bricolage aux côtés de son père, l’un de ses plus précieux soutiens, et de quelques amis artisans. Ainsi est né "Le Théâtre des illusions". Si le chantier n’est pas encore terminé – "Il reste le rideau de scène à installer, la façade à crépir, les sanitaires à créer, peut-être une extension à construire pour ajouter des loges" –, la salle est déjà opérationnelle.
Du close-up à la scène
Sur les murs peints en noir et blanc sont accrochés quelques cadres avec des articles de journaux, les affiches de ses premiers spectacles et les prix qu’il a reçus. Des témoignages d’un parcours construit avec patience et détermination. Avant de s’épanouir sur scène, Tom a débuté par le close-up. À l’âge de 13 ans, il faisait patienter les clients d’un restaurant avec ses tours… "C’était de la magie rapprochée, en petit comité. Il fallait accrocher les gens, s’introduire dans leur bulle d’intimité alors qu’ils étaient à table… C’était très formateur. Ça m’a appris la base du métier : le plus important n’est pas le tour mais la manière dont on l’amène". Rapidement, il se produit dans des spectacles et des festivals de magie avec ses propres numéros.
Monter sur scène est un autre exercice. On doit capter l’attention de toute une salle, parfois plusieurs centaines de personnes, c’est un gros travail au niveau du visuel avec le costume, les décors, la musique, la lumière etc. " Au fil des années, il se diversifie dans tous les styles de magie, de la manipulation d’objets à la grande illusion en passant par le mentalisme. Il poursuit sa pratique du piano et perfectionne son jeu grâce au théâtre.
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Je ne me vois pas ailleurs que sur scène, c'est essentiel pour moi. " |
Sa persévérance suscite l'admirationSon truc pour avancer ? "Du travail, de belles rencontres et une étoile qui veille sur moi", dévoile-t-il dans un sourire. Ceux qui l’ont vu évoluer depuis plusieurs années mettront aussi en avant le sens inné du contact et le talent de ce touche-à-tout. Deux qualités qui l’ont conduit en mai 2016 à faire la première partie de Dani Lary, le médiatique maître de l’illusion venu présenter un spectacle à Thiers. En mai 2016, Tom Wouda avait fait la première partie de Dani Lary à Thiers. "Il a été très disponible, très gentil, m’a regardé répéter une partie de mon numéro, m’a donné des conseils…
Et à la fin, il m’a dit bravo ! Ça fait vraiment plaisir d’avoir un tel retour", se souvient-il avec émotion.Quelques mois plus tard, Tom reporte le premier prix du concours Diavol décerné par l’Amicale Robert-Houdin de Lyon et labellisé par la Fédération Française des Artistes Prestidigitateurs. |
Son bac en poche, il a tenté de poursuivre des études en BTS qu’il a finalement laissées de côté pour consacrer tout son temps et toute son énergie à sa passion. "J’ai la chance d’avoir des parents qui croient en moi et me soutiennent. J’ai choisi de me lancer à fond dans cette aventure magique pour voir où ça va me mener. Je veux me donner les moyens d’aller le plus loin possible et, surtout, je ne veux pas avoir de regrets…"
Un appel au financement participatifDevenu, à l’aube de ses 20 ans, l’un des plus jeunes membres de l’Équipe de France de magie, il profite déjà de son théâtre de poche pour parfaire le numéro qu’il présentera aux championnats de France de magie prévu en septembre 2021.
En parallèle, le jeune magicien prépare aussi un spectacle de plus d’une heure qu’il espère faire tourner dans la région et au-delà. Dans un premier temps, il aimerait le proposer au public dans son propre théâtre, à l’image de ce qui se fait dans les cabarets parisiens. Quand les conditions sanitaires le permettront… Texte : Maud Turcan
Photos : Richard Brunel Vidéo : Martial Delecluse |